Boltanski

Publié le par Etudiants Paris8



Non, je ne vous parlerai pas ici de l'expo Boltanski  Monumenta, au Grand Palais (pas encore vue).

Dans le cadre d'un cours, une élève a eu à charge de nous présenter les salles Boltanski du Musée d'Art Moderne, dont j'ignorais totalement l'existence. C'est donc ces trois salles que je vous présente ici.

Elles sont plutôt bien cachées (1er ou 2ième sous sol, je ne sais plus).




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On démarre la visite par la Réserve du musée des enfants. Cette oeuvre date de 1989, et a été conçue à l'occasion de l'exposition Histoires de Musée. Boltanski, tout comme 21 autres artistes, été invité à investir un espace du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. Boltanski  a choisit d'intervenir dans les sous sols, lieux habituellement fermés au public ( l'ancienne réserve du musée  des enfants). La pièce est remplie d'étagères, sur lesquelles s'entassent  des vêtements. La scénographie de la salle n'est pas sans rappeller les dortoirs des camps de concentration. Coïncidence que j'imagine non fortuite. Car le propos de Boltanski s'attache à la Shoah. Les vêtements qui s'amoncellent seraient les habits de déportés, d'enfants, je crois. Je dis "seraient"  car il semble évident que ce n'est pas le cas : teintes et matières des vêtements semblent trop modernes( et je reconnais d'ailleurs un tapis de jeux que j'ai eu, enfant). Mais là n'est pas le propos. L'important est la symbolique.

Derrière les vêtements, j'ai eu la vision d'enfants arrếtés, déportés; Des enfants que l'on a arrachés de la normalité. Des enfants en partance pour un endroit où ils n'auraient que faire de ces vêtements.
Tous ces vêtements entassés évoquent  des corps laissés à l'abandon. Des corps vidés de vie. Des vies dont il ne reste à present que l'enveloppe corporelle. Finalement, ces vêtement deviennent la représentation de ces corps. Ils sont une enveloppe, la couche superficelle dont ont été couverts les enfants.
 Ces vêtements seraient les seules traces subsistant de ces enfants.




La salle qui suit présente des portraits d'enfants. Les photos sont en noir et blanc. Leurs visages apparaissent en gros plan, et à la vue du grain présent  les photos, il s'agit sans doute d'agrandissements. 
Des petites lampes éclairent les visages. Je pense à une réalisation de 1986, Les enfants de Dijon. Bien que la configuration ne soit pas identique.

Nous sommes là, face à des visages d'enfants, dont on ne sait rien. Et pourtant, on présage du pire. Pourquoi? Les enfants sont plutôt souriants, ont l'air en bonne santé. il y a pourtant une dimension dramatique que je n'explique pas.
En faisant des recherches pour cet article, j'ai trouvé, sur un blog, un article qui traitait de l'installation évoquée quelques lignes au dessus. L'auteur nous dit avoir ressenti un malaise profond face à ses visages, la sensation qu'ils n'étaient plus. Et pourtant, dans un livre, il apprend que les visages appartiennent à des élèves d'un collège de Dijon, et que ces photos ont été prises dans les années 1970. Comme je l'ai dit plus haut, les deux installations ne sont pas identiques. La salle du MAM est plus, disons, sobre. Il n'en demeure pas moins que l'impression qui s'en dégage est similaire.

Et pourtant, Boltanski ne ment pas. A aucun moment il n'est indiqué qu'il s'agit de lépreux, ou d'enfants déportés. Devant l'absence d'information, on cherche une explication par nous même.




boltanski
La dernière salle présente l'installation " Les Abonnés du téléphone" , qui date de 2006. Comme le titre l'indique, sont ici répertoriés tous les abonnés du monde. Sur des rayonnages, des centaines et des centaines de bottins , d'une dizaine d'années je pense.  Comme ils sont en libre consultation, chacun se cherche, au fil des pages, "ah c'est mon ancien numéro".
C'est étrange cette sensation, devant ces bottins,  penser qu'il y a des milliards de noms, qui représentent des personnes qui sont, ou ont été vivantes. On a le sentiment d'avoir accès au monde (en tout cas à cette partie du monde qui posséde une ligne téléphonique). Ces bottins sont comme la photographie du monde à un moment donné. Ils le figent dans le temps. Boltanski nous donne à voir une représentation du monde fait de lettres et de chiffres.

11, avenue du Président Wilson
75116 Paris
Renseignements : 01 53 67 40 00


Clémentine  Buisset 237001






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